Retour sur l’aventure extraordinaire de Tom Mellor, qui avait établi 4 records du monde de vitesse au guidon d’une Triumph Trident T150 de 1969, quelque peu modifiée pour l’occasion.
Cela se passe sur le Bonneville Salt Flats, plaine de 260 km² couverte de sel dans le nord-ouest de l’Utah, aux États-Unis. Elle provient de l’évaporation de l’ancien lac Bonneville survenue après la dernière glaciation, donnant des épaisseurs de sel allant jusqu’à 1,8 mètre par endroits.
C’est donc la plus vaste des plaines de sel, ce qui en fait un terrain de jeu privilégié pour décrocher des records de vitesse en tout genre, au volant ou au guidon de bolides on ne peut plus éclectiques qui viennent en découdre tous les ans à l’occasion de la Speedweek.
La moto utilisée à cette occasion est vraiment spéciale, tout étant conçu pour gagner quelques km/h de plus au compteur… Elle avait commencé sa vie paisiblement comme une banale Triumph Trident T150 en 1969, mais elle est passée entre les mains expertes de Tom Mellor, 25 ans d’expérience clé en main dans la maintenance aéronautique à la Canadian Pacific Air Lines.
Il lui aura fallu huit ans pour approcher et passer la barre fatidique des 200 mph (321,86 km/h), soit huit excursions successives à Bonneville et autant de leçons apprises en cours de route, lui permettant de peaufiner son projet : un carénage profilé entièrement fait à la main, le cadre et la géométrie sont totalement revus, toutes les pièces sont allégées au maximum, le moteur d’origine passe de 750 cc à 1000 cc. Et plutôt que de simplement allonger la course avec un moteur plus grand, Mellor a conçu son propre prototype de piston avec le point de montage déplacé légèrement vers le haut.
C’est donc au guidon de cet engin que 4 records du monde sont tombés en 2008. Le principal est dans la catégorie 750MPS -PG (750cc modifié pour faire simple) où Tom Mellor a été chronométré à 180,317 mph (290,18 km/h) sur le mile.
Le lendemain, après avoir enlevé la façade avant principale de son carénage, il a établi deux nouveaux records dans une autre catégorie (750MP-PG : 750cc modifié, sans carénage) avec 159,905 mph pour le mile et 159,916 mph pour le kilomètre.
Dernier objectif, la barre des 200 mph
C’est une sorte de sprint dans lequel c’est la vitesse finale qui compte. Dans le premier mile, le pilote doit lutter contre la faible adhérence de la piste de sel et monter progressivement la moto en régime jusqu’à sa température optimale de fonctionnement
Dans les deuxième et troisième mile, la vitesse est graduellement augmentée, tout en maîtrisant la puissance.
Enfin lors du 5e mile, la moto passe le poste de chronométrage et doit tenir sa vitesse sur un mile complèt. À 200 mph, il faut donc maintenir l’allure pendant 18 secondes ou plus, ce qui ne semble pas long mais on imagine que dans cette situation les secondes s’égrainent lentement une à une dans votre tête.
Une fois le record établi, il doit être réitéré immédiatement dans l’autre sens pour être validé, et aucun bricolage ou ajustement mécanique n’est permis entre les deux.
C’est ainsi qu’en août 2008, Tom Mellor avait fini par gagner son graal, franchir la barre de 200 mph, établissant un nouveau record du monde.
Sa moto reste encore aujourd’hui parmi les véhicules les plus rapides dans le monde .
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